J'habite en face
Le Brésil. Il paraît que j'y suis née. Qui s'en souvient ? Quelle importance ?
Quand est-ce qu'un mensonge crée enfin une vérité ?
À quatre heure de l'après-midi, puisque je le dis, il fait nuit.
Non seulement je le dis, mais je le sens. L'obscurité suinte des briques. Ici, on n'est pas loin du PMU et la bière dissout facilement la pénombre. Elle illumine la rétine. J'en vois qui sorte du troquet à toute heure, le pas mou et la pupille dilatée.
L'ombre ne les gène plus. Ils se baladent avec leur ampoule à houblon intégrée.
Même l'Idéal Cinéma leur éclaire moins les mirettes. Pourtant, il est à deux pas.
Heureusement, derrière l'obscur souffle le vent. Il tient ma fenêtre ouverte, même l'hiver, quand il gèle bien fort.
C'est lui qui agite les cloches ces dernières nuits de tempête. C'est lui qui brise le silence.
